«
Pourquoi as-tu fais ça Soan ? » «
... » «
Réponds à ta mère Soan. » «
... » «
Soan ... ». Dans le bureau ovale, le calme régnait. Personne n'osait bouger. Par moment, les deux parents se mettaient à parler à leur fils, mais rien à faire, il refusait toujours de répondre aux questions. À quoi bon ? C'était une perte de temps de toute façon. Soan est né dans une famille des plus banales. Une famille comme il y en a des milliers dans le monde. Dans la petite pièce beaucoup trop sombre, il n'y avait que son directeur, sa génitrice, ainsi que Phil, son beau-père. Nouvel époux de sa mère. Le divorce de ses parents, avait fini par rendre Soan celui qu'il était à l'époque. Un enfant renfermé sur lui-même, qui ne cessait de se faire remarquer en causant des dizaines de catastrophes. Encore une fois, il s'était battu avec d'autres élèves. La raison ? Personne ne le savait vraiment. Tout ce que les gens savaient, était que d'un coup, Soan s'était mis à étrangler l'un de ses camarades de classe. Oui, il était violent, beaucoup trop violent pour un enfant de dix ans. «
Cette fois-ci, nous ne pouvons pas laisser passer une chose pareille ... Il va être définitivement renvoyé. ». La voix du directeur avait résonné dans le bureau, comme si, celui-ci était complètement vide. Soan de réagit même pas à cette nouvelle, il savait déjà très bien que ce jour allait finir par arriver. Phil lui lança un regard noir, quant à sa mère, une larme se mit à lui couler le long du visage. «
Est-ce ... La ... La meilleure ... Solution ? », balbutia-t-elle entre deux sanglots. L'homme en face d'elle, haussa les épaules. «
Nous ne pouvons plus garder un enfant comme lui, si ça continu, il va vraiment finir par tuer quelqu'un. ». La pauvre femme se mit à pleurer de plus belle. Elle ne comprenait pas comment son fils avait pût devenir ce qu'il était désormais. Avant le divorce, il était si gai, plein de vie, rien ne lui faisait enlever son beau sourire. Maintenant, c'était le contraire. Pas un seul sourire, pas une seule expression, il restait dans le silence, à répondre par des oui ou par des non. Rien de plus. Ce comportement avait tendance à énerver son beau-père, mais l'enfant s'en moquait éperdument, de toute façon, il était devenu comme ça à cause de lui. «
Vous devriez peut-être l'envoyer chez un psychologue ... C'est possible que ça lui fasse du bien. ». La blonde regarda le directeur avec un visage plein de surprise, ses yeux s'étaient encore une fois remplis de larmes. «
Mon fils n'est pas fout, s'il est si violent, c'est parce qu'il y a une bonne raison à cela. J'en suis sûre. » « I
l n'y a pas que la question de la violence, votre enfant n'est pas normal, vous le savez très bien. » «
PARDON ? ». La génitrice de Soan faillit s'évanouir à cette nouvelle. C'était bien la première fois que quelqu'un lui faisait une telle remarque. D'un seul coup, elle se leva, laissant la chaise où elle était assise, vide. Elle empoigna le poignet de son fils et déclara en cessant de pleurer : «
Vous devriez avoir honte de dire ça d'un enfant. ». Sans regarder derrière elle, elle entraîna son fils jusqu'à la sortie. Heureusement, son mari l'avait suivi. Une fois dans le couloir, une nouvelle vague de larmes perla les joues de la bonne femme. Depuis toujours, elle pouvait supporter beaucoup de choses, malheureusement, quand cela touchait les gens qu'elle aimait, elle ne pouvait plus rien supporter. C'était trop dur pour elle. Son cher Phil se mit à la serrer dans ses bras. «
Tu devrais oublier ce qu'il vient de passer ... Nous trouverons une nouvelle école pour Soan, je te le promets, il n'ira pas voir un psy'. ».
«
Pourquoi es-tu ici jeune homme ? » «
J'en sais rien. » «
Ce sont tes parents qui t'ont envoyé si je ne me trompe pas ? » «
Non ma mère et l'autre idiot. ». Soan soupira, la séance venait tout juste de commencer, et il en avait déjà marre. Jamais il n'aurait pensé que sa mère l'aurait envoyé chez un psychologue. Il n'aurait jamais pensé qu'elle allait oser le faire un jour. «
L'autre idiot ? », demanda le roux en fixant l'adolescent. «
Mon beau-père. ». Le jeune homme se mit à bailler, il n'avait aucune intention d'y mettre du sien. Il était coincé ici pendant une heure ... Une heure qui allait être beaucoup trop longue pour lui. Durant cinq ans, la vie de Soan n'avait pas beaucoup changé. Après avoir été renvoyé en primaire, il avait intégré une école de quartier. Celle-ci ne fit qu'aggraver les choses. Il ne battait encore plus qu'avant. Encore plus associable, son cas ne faisait qu'empirer. Jusqu’à que finalement, à l’âge de quinze ans, il se mette à frapper un de ses professeurs. Cet évènement, fût la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Sa mère ne sachant plus quoi faire, fut obligé de l’envoyer ici, chez un psychologue. Là où elle s’était promise de ne jamais l’y envoyer. «
Tu appelles ton beau-père idiot, depuis longtemps ? ». Soan esquissa un léger sourire. Levant les yeux au ciel, il se mit à soupirer un peu. Ça y est, il commençait avec ses questions. Lentement, il s’avachit encore un peu plus sur sa chaise. «
Peut-être bien que oui, peut-être bien que non … ». La réponse à cette question, était en fait, un simple oui. Il détestait tellement son beau-père, que même à huit ans, il l’appelait idiot. «
Tu sais … Je comprends que tu te sentes mal à l’aise, mais tu devrais y mettre un peu du tiens, tu ne crois pas ? ». L’adolescent se mit à fixer le rouquin en face de lui. D’ordinaire, si quelqu’un lui avait dit quelque chose comme ça, il se serait très certainement énervé. Mais là, aussi étrange que cela puisse paraître, il se sentait bien, dans son élément. «
Tss … Allez-y, posez-les moi vos questions. ».
Dans l’appartement, il n’y avait pas un bruit, à part le tic-tac incessant de l’horloge. Ce seul bruit résonnait, comme s’il n’y avait rien d’autre dans les pièces. Les deux personnes étaient assises l’une en face de l’autre, ne prononçant aucun mot. La tension était à son comble. Soan avait une vague idée de ce qu’il allait se produire, mais il préférait se taire. Faire comme s’il ne savait rien. La blonde leva enfin les yeux sur lui. Ils étaient brouillés par des larmes. Lentement, elle posa ses deux mains sur la table en bois. L’une était fermée. «
Je … Je veux annuler le mariage. », articula-t-elle tant bien que mal. Soan ne réagit même pas à cette nouvelle, il savait que cela était inévitable. «
Très bien … ». Des larmes commencèrent à couler sur le visage blanc de la jeune femme. Elle regardait son fiancé, ou plutôt, son ex-fiancé, avec surprise. «
C’est tout ce que tu trouves à dire ? », demanda-t-elle entre deux sanglots. Soan se leva, et de mit à regarder par la fenêtre. Dehors, il faisait aussi sombre que dans l’appartement. La nuit était tombée depuis longtemps, la seule lumière qui éclairait les deux êtres, étaient le lustre suspendu au plafond. Malheureusement, l’ampoule se mettait à clignoter par moment. «
Qu’est-ce que tu veux que je dise ? ». La blonde baissa la tête, c’est vrai, il avait raison. «
Soan … Je suis désolée. ». L’intéressé ne bougeait pas, se contentant de regarder les voitures passer. Son visage avait depuis le départ, toujours la même expression, un calme impassible, qui ne laissait rien paraître sur ses sentiments. «
Et … Pour le bébé ? ». La blonde versa une nouvelle larme, elle attendait cette question depuis le début. Tous les deux étaient encore jeunes, s’ils avaient décidé de se marier, c’était à cause de cette grossesse accidentelle, mais il ne fallait pas se voiler la face. Tous les deux n’étaient pas faits pour vivre ensemble. «
Je voudrais le garder … Si ça ne te dérange pas … Je ne veux pas avorter … ». Soan haussa les épaules, et répondit enfin : «
Comme tu voudras. ».
Et quand est-il de maintenant ? Soan est devenu un psychologue réputé, toujours célibataire, ne cherchant même pas à trouver l’amour. Sa vie, se passe au ralentit, sans but, sans rien du tout. Cependant, sa fille, maintenant âgée de quatorze ans, après avoir faillit mourir dans un accident, à subitement décidé de venir vivre avec lui pendant quelques temps. Eux qui ne s’étaient encore jamais vu, vont désormais vivre ensemble …